Social Hackers
Exposition du 13 septembre au 11 novembre 2001
Vernissage le 12 septembre 2001, dès 18h
Sur une invitation du centre d’édition contemporaine, en collaboration avec forde, organisé par NIFCA-Nordic Institute for Contemporary Art et FRAME-Finnish Fund for Art Exchange et sur une proposition de Cristina Ricupero (NIFCA) et Paula Toppila (FRAME)
2 expositions et 8 éditions gratuitement mises à disposition du public dans plusieurs cassettes à journaux réparties dans toute la ville de Genève du 12 septembre au 11 novembre 2001
Au centre d’édition contemporaine
JEREMY DELLER (GB)/KARL HOLMQVIST (SE), PLAMEN DEJANOV (AT)/SWETLANA HEGER (AT)/
JARNO JOKINEN & KATJA VALANNE (FI)
Du 13 septembre au 11 novembre 2001
Heures d’ouverture: ma-ve 14h30-18h30 sa 14h-17h.
(portes ouvertes : dimanche 11 novembre 14h-17h)
18, rue Saint-Léger 1204 Genève
A forde, espace d’art contemporain :
GUNILLA KLINGBERG (SE)/MATTHIEU LAURETTE (FR)/CLAUDE CLOSKY (FR)/TUOMO TAMMENPÄÄ (FI)
Du 13 septembre au 28 octobre 2001
Heures d’ouverture: je-sa 14h-19h
4, place des Volontaires 1204 Genève
Dispersés dans le centre de la ville de Genève :
Dispensing with Formalities
Du 12 septembre au 11 novembre
TAKE AWAY! Editions et multiples, flyers, documents, posters, objets,… de tous les artistes de Social Hackers et du groupe KLAT (CH) mises gratuitement à la disposition du public grâce à des cassettes à journaux dispersées dans toute la ville de Genève(…)
Social Hackers est une coopération entre NIFCA, Nordic Institute of contemporary Art, FRAME, Finnish Fund for Art Exchange et le centre d’édition contemporaine.
Avec l’appui de la Ville de Genève – Département des affaires culturelles, Arts Council of Finland, Fondation Nestlé pour l’Art, Office Fédéral de la Culture, Pour-cent culturel Migros, Loterie Romande et Alain Choisy.
Pour l’ouverture de cet automne, nous avons invité deux commissaires, Paula Toppilla (FRAME) et Cristina Ricupero (NIFCA) à présenter, à Genève, la deuxième étape et version de leurs projets SOCIAL HACKERS et Dispensing With Formalities inaugurés à Helsinki en octobre 2000.
Ces deux projets s’insèrent d’ailleurs parfaitement dans la programmation et la politique éditoriale du Centre d’édition contemporaine. En effet, la thématique de Social Hackers met l’accent sur une modification récente des comportements et des préoccupations de certains artistes contemporains, dont les travaux inter-réagissent davantage avec le monde extérieur, le public et la société, questionnant l’économie de marché, la sur-invasion des médias ou encore les nouvelles manifestations de pouvoir.
Cette proposition fait suite à plusieurs collaborations que nous avons engagées ces dernières années avec des artistes tels Luc Tuymans, Thomas Hirschhorn ou Elke Krystufek, qui entretiennent eux aussi un rapport critique, peut-être plus directement dénonciateur, vis-à-vis de notre société, son passé, sa situation politique, sociale ou humaine, assortis de son bataillon d’injustices et de violences.
Le deuxième volet de cette proposition, Dispensing with Formalities, s’intègre également très bien au parcours du Centre d’édition contemporaine qui a régulièrement investi et expérimenté cette diversité des modes de production et de diffusion inhérentes à l’édition et à tous objets multipliés : publications, livres, imprimés, flyers, affiches, objets utilitaires, ludiques, décoratifs ou plus strictement artistiques. Numérotés et signés ou simplement distribués gratuitement, de la gravure classique aux fanzines à 1.- CHF, notre attitude éditoriale et les projets d’expositions collectives, telles qu’Eté 97 au CGGC ou One Step backwards : books, prints, videos, 98 à la Liste 98 à Bâle, ont souvent été ponctués de ce genre de travaux.
DwF fait un pas de plus vers le public, en s’intégrant directement dans le paysage urbain. Les multiples des artistes de Social Hackers se mêleront à la quantité de papiers qui nous assaillent quotidiennement : prospectus, publicités gratuites, échantillons, tracts et remplaceront pendant toute la période de l’exposition les journaux d’une série de caissettes réparties dans toute la ville. Nous espérons que cette infiltration, ce système de distribution, parallèle à celui plus commercial et à plus grande échelle, créera de légers décalages, critiques ou ironiques et interrogera, intriguera ou amusera simplement les passants.
Il semblait intéressant pour le Centre d’édition contemporaine qu’après la villa de Malagnou un peu à la périphérie du centre ville et aujourd’hui la petite arcade en vieille ville, cette double manifestation nous permette à la fois une ouverture internationale grâce aux deux commissaires invitées, locale avec la collaboration de forde – espace d’art contemporain installé à Genève – et sur la rue et vers la population genevoise avec DwF. (cec)
Introduction à Social Hackers
Social Hackers a débuté par une série de trois expositions qui se sont déroulées à la galerie MUU à Helsinki, dans le cours de l’automne 2000. Chaque projet d’exposition impliquait une confrontation ou une collaboration entre un artiste de la région nordique et un autre d’Europe continentale. Aujourd’hui, alors que le catalogue est en cours d’impression, nous préparons une autre version de ce projet qui se tiendra à Genève en Septembre 2001. A Genève, au total quatre couples d’artistes et un groupe d’artistes locaux seront simultanément présentés dans deux espaces. Les artistes participant sont Jeremy Deller et Karl Holmqvist, Gunilla Klingberg et Matthieu Laurette, Swetlana Heger, Plamen Dejanov et Jarno Jokinen & Katja Valanne, Tuomo Tammenpää et Claude Closky; la participation locale est assurée par un groupe de jeunes artistes nommé KLAT.
Cette série de projets traite de différents phénomènes présents dans le champ de l’art contemporain, commente et analyse à la fois des questions sociales et politiques. Tous ces travaux sont fortement liés au système de communication et aux structures du pouvoir dans une société mettant l’accent à la fois sur le système et son message. Les artistes présentés dans Social Hackers utilisent tous les codes qui nous sont familiers et quotidiens, issus de la publicité alentour, du flot d’informations, de la télévision, des journaux et des magazines. Ils utilisent, par contre, ces signes de façon novatrice, déstabilisant leur message original et leur contexte, se moquant, par le biais d’interprétations littérales, en déplaçant le champ de l’art au centre même du consumérisme, de la commercialisation et de la manipulation.
« Pour la première édition de Social Hackers à Helsinki (part 1, 2000) et pour Genève, Jeremy Deller de Londres et Karl Holmqvist de Stockholm – qui avaient déjà travaillé ensemble précédemment – ont décidé de présenter un projet collectif. Ils ont utilisé l’espace de la galerie MUU comme un stand d’information, distribuant des prospectus gratuits et de la documentation concernant des manifestations publiques qui proposaient une réflexion sur des problèmes liés à l’ordre économique et social et à la quête spirituelle.»
Les artistes contemporains interagissent de plus en plus avec le monde au sens large. Par exemple, la majorité des artistes de Social Hackers ont délibérément choisi de se déplacer au coeur du monde du commerce, empruntant ses stratégies de fonctionnement et ses codes. Même si historiquement l’art et le commerce ont souvent été perçus comme diamétralement opposés, beaucoup d’artistes aujourd’hui préfèrent s’adresser et travailler avec cette ambivalence, en s’organisant eux-mêmes, comme des entreprises privées, en investiguant le langage et le design de celles-ci, ou en proposant des modèles économiques parallèles et alternatifs. En se conditionnant eux-mêmes, ils ont pour but de proposer un commentaire en reproduisant ces images préemballées et stéréotypées. En utilisant pour dénoncer les mêmes moyens et mécanismes sur lesquels sont fondées les sociétés privées, ces travaux contiennent dans leur structure même la conscience de cette contradiction.
La plupart de ces pratiques se positionnent en contact direct avec le spectateur, et sont en relation avec des pratiques sociales existantes en dehors du musée ou de la galerie. L’acte de communication devient plus important que l’objet d’art, résultant d’un travail, ces objets sont le plus souvent éphémères et orientés sur un procédé. Plutôt que de prétendre êtres désintéressés ou dirigés seulement vers une plus grande neutralité artistique, la plupart de ces travaux demandent une participation active du public afin d’êtres conceptuellement achevés. En sapant le rapport actif/passif et antagoniste entre l’artiste et le public, les artistes ont transcendé le statut individuel du créateur. Même si beaucoup de ces artistes axent leur pratique sur l’interaction sociale, ils n’ont pas par l’intermédiaire de leur travail de revendications en termes d’action politique directe. Leur intervention est plus subtile, fournissant simplement un lieu de débat, un espace expérimental, où chacun peut créer et proposer des modèles alternatifs. Un art qui ne domine pas, mais infiltre.
« Pour la seconde édition de Social Hackers à Helsinki (part 2, 2000), nous avons présenté l’artiste suédoise Gunilla Klingberg de Stockholm et Matthieu Laurette de Paris. Gunilla Klingberg présentait une animation informatique commentant l’effet engourdissant de la société de consommation et du consumérisme via la multitude des signes et des symboles, des petites annonces et des slogans qui nous entourent. Matthieu Laurette a quant à lui consacré la totalité de son budget à l’acquisition de cartes « à gratter » de loterie, qu’un groupe, sous sa direction, a gratté pendant toute la durée du vernissage et dans un environnement à la Alvar Aalto. Cette fois-ci, avait-il gagné ou perdu ses fonds publics ? »
« Pour Genève, Matthieu Laurette poursuivra le développement d’une recherche en cours, Citizenship Project, en travaillant avec le contexte local. Help me become a Swiss citizen! est un « How to project », et une tentative de devenir, dans un premier temps, un résident permanent en Suisse et, finalement, d’obtenir la naturalisation.» (www.citizenship.project.com/ch)
On peut dire que la plupart de ces pratiques font clairement référence aux stratégies et aux concepts situationnistes. Guy Debord écrit dans La Société du Spectacle que le mérite de l’artiste moderne est de proposer l’alternative de la communication artistique à l’incommunicable, et ainsi d’engager une réflexion critique envers la société du spectacle, caractérisée par une absence de toute communication authentique; le but principal étant de vider les mots de leur sens – le pouvoir leur infligeant une absence de tout sens.
La notion de détournement que les situationnistes ont appliquée au texte et à l’image est l’aspect le mieux connu de leur « esthétique » qui a joué un rôle clé dans leur politique de communication. Les détournements ne ne sont pas au service du travail, mais effectuent un « non-fonctionnement » de celui-ci. En réordonnant les choses, ils les font apparaître différemment et brouillent les frontières entre le personnel et l’impersonnel. Finalement, on peut se demander : qui est le véritable auteur d’un texte détourné ?
La culture situationniste est un art du dialogue et de l’interaction. Dans leur projet, il n’y a d’ores et déjà plus de place ni pour l’intérieur, ni pour l’intériorité. La subjectivité est vécue, elle s’exprime par elle-même, indépendamment; elle est de ce fait forcément collective. L’originalité et le radicalisme de ce projet peuvent être compris comme une volonté de transcender tout esthétique et production formelle, et de les remplacer par le besoin essentiel de construire des situations vécues.
« Pour la troisième édition de la série Social Hackers à Helsinki (part 3, 2000), et également pour Genève, nous présentons Swetlana Heger, Plamen Dejanov de Vienne et Jarno Jokinen & Katja Valanne d’Helsinki. Dejanov et Heger s’intéressent aux structures économiques et à leur influence sur la production et le discours artistiques. Ils exposent ici deux articles choisis parmi leur fameuse collection Plenty Objects of Desire, dont la valeur correspond exactement à leur budget de production. Jokinen et Valanne s’intéressent pour leur part au langage et aux messages (visuels ou écrits), dont on use et abuse. Ils montreront leur nouveau travail vidéo, où une petite fille crée des mondes imaginaires en renommant les choses ordinaires et en leur donnant un sens nouveau. Une question survient; qui est quoi et dans quel contexte : une pince à linge colorée, une minuscule graine ou un chiot en porcelaine de luxe ? »
Il existe certains décalages entre l’art social des années 70′ et les exemples actuels d’un art dit social, « social art« . Les artistes contemporains ne cherchent pas à construire un commentaire critique de l’extérieur, mais ils proposent, dans la plupart des cas, des projets, qui sont étroitement liés aux différentes structures sociales et à leurs codes, qui fonctionnent de l’intérieur. Ces travaux contrastent avec les commentaires politiques monumentaux et spectaculaires des seventies, car ils infiltrent subtilement le paysage urbain. Cette modestie formelle fonctionne également comme une prise de position politique, critiquant la structure commerciale et l’œuvre d’art en tant que produit.
Une des parties importantes de Social Hackers s’était également déroulée dans l’espace public, 24 heures sur 24, pendant toute la période allant d’octobre à décembre 2000 : ce projet intitulé Dispensing with Formalities et initié par Brett Bloom, un artiste de Chicago. Ce projet consiste à répartir des distributeurs à journaux dans l’espace public. Chaque distributeur abrite des projets d’artistes destinés à être gratuitement distribués au public. Les quatre artistes en solo et les deux duos présentés à la galerie MUU avaient réalisé un projet pour le distributeur d’Helsinki. Dispensing with Formalities se déplacera également à Genève, où il sera développé à une plus grande échelle, incluant à la fois plus d’artistes et plus de distributeurs, touchant de ce fait un plus large public. Le groupe d’artistes genevois KLAT, particulièrement intéressé par la production de multiples en tout genre, a été sollicité pour réaliser exclusivement un projet pour les distributeurs genevois et qui fera le lien, d’une certaine manière, avec les autres projets des artistes invités.
Expérimentalement, Dispensing with Formalities a quelques similitudes avec le genre de travail que pratiquent les hackers sur le Net. En fait, Internet ou Le Net pourrait être défini comme la conséquence effective du travail des hackers. Contrairement au discours courant dans la presse, l’aspiration des hackers est bonne et constructive; ce serait plutôt le cracker qui commettrait des crimes en s’introduisant dans les systèmes informatiques des entreprises dans le but d’endommager ou de profiter des informations auxquelles ils ont eu accès. Selon le jargon des hackers, répertorié sur le net, le hacker est défini comme quelqu’un qui programme avec enthousiasme et qui croit que partager l’information est quelque chose de positif.
La responsabilité éthique des hackers est de partager leur compétence en créant des programmes gratuits et en distribuant l’information dans le but de rendre davantage disponibles les ressources informatiques à travers le monde. Telle a été l’éthique des hackers depuis les années 60 – ce n’est qu’au milieu des années 80 que les médias ont commencé à utiliser ce terme pour désigner les criminels informatiques. Le conséquence la plus connue de l’activité des hackers a été le système d’exploitation Linux, ouvertement développé et initié par le finlandais Linus Torvalds. Ce système d’exploitation gratuit a considérablement aidé les pays en voie de développement à avoir accès à l’informatique et à Internet.
« L’édition genevoise de Social Hackers présentera tous les artistes et les projets de la première édition, ainsi qu’une nouvelle rencontre, celle de l’artiste finlandais, designer spécialisé dans les nouveaux médias, Tuomo Tammenpää et l’artiste français Claude Closky. Ces deux artistes traitent tous deux du monde de la publicité et des mécanismes qui constituent la société de consommation. Ils jouent avec ces structures en manipulant des images et l’image des produits, leur créant de nouveaux contextes. Ces toutes dernières années, Tuomo Tammenpää était occupé à la création d’un produit obscur et/ou réel, pendant que Claude Closky analysait compulsivement le langage et le design des marques. A Genève, Tuomo Tammenpää proposera une nouvelle présentation de son projet présent continuellement sur le web, intitulé NEED, dans un environnement décoré d’un papier peint spécialement designé par Claude Closky.»
L’éthique des hackers a donné lieu récemment à une révélation plus large grâce au livre d’un jeune philosophe finlandais, Pekka Himanen, curieusement intitulé Hacker Ethic and the Spirit of Information Age . Dans ce livre, l’auteur suggère que cette éthique pourrait être vue comme le challenge le plus profondément spirituel de notre temps. Un hacker pourrait être aussi bien un expert qu’un enthousiaste, actif dans n’importe quel domaine, pas nécessairement lié au monde des ordinateurs. L’éthique des hackers représente le phénomène plus répandu dans notre société – une relation passionnée au travail, une nouvelle éthique du travail, mais aussi une nouvelle relation à l’argent. Le désir du hacker est de créer quelque chose auquel la communauté de ses pairs puisse reconnaître une valeur, une attitude commune. Pour certains hackers, la reconnaissance au sein d’une communauté qui partage la même passion est plus importante et plus profondément satisfaisante que l’argent, comme c’était le cas pour les érudits. Pour le hacker, les difficultés créent une véritable curiosité qui le/la pousse, il ou elle, à apprendre de nouvelles choses, tirant son énergie de la résolution même de ces problèmes. Le travail se rapproche alors du jeu.
L’art est communication, et les artistes sont des experts et des enthousiastes dans ce domaine, entretenant une relation passionnée avec les différents moyens de communication. Ce projet d’exposition cherche à mettre l’accent sur cet aspect de l’art contemporain; par un flot gratuit d’informations et la mise en place d’environnements permettant aux différents points de vue d’être discutés ouvertement. Dispensing with Formalities est une partie essentielle de ce projet, il incarne la cristallisation même de l’idée qui réside derrière le thème de l’exposition. En effet, les travaux et les projets ne sont pas seulement exposés, mais également distribués gratuitement et rendus accessibles, à tout moment du jour et de la nuit, à un public très large et varié. Il n’est pas nécessaire de savoir si les objets distribués sont de l’art ou pas, ce serait même mieux s’ils pouvaient être pris simplement pour de l’information, de la publicité, ou encore comme des communiqués religieux, une invitation, un bel imprimé, joli à regarder, agréable au toucher – tout cela à la fois, et si nous le voulons, plus encore.
Cristina Ricupero et Paula Toppila, traduit de l’anglais.
Cristina Ricupero travaille comme commissaire d’exposition à NIFCA Nordic Institute for Contemporary Art, Helsinki et comme directrice associée de l’ICA, Londres.
Paula Toppila est critique d’art indépendante et commissaire d’exposition à FRAME Finnish Fund for Art Exchange, Helsinki.
Ce texte a été écrit pour le catalogue Social Hackers, publié en 2001 à Helsinki, Finlande par FRAME Finnish Fund for Art Exchange and NIFCA Nordic Institute for Contemporary Art.
Les paragraphes en gras ont été remis à jour et proviennent du communiqué de presse, pour les trois expositions de Social Hackers à Helsinki, qui introduit les versions de Social Hackers à Helsinki (automne 2000) et à Genève (automne 2001).
Le groupe KLAT, composé de 4 jeunes artistes genevois, participera à Genève exclusivement au projet DwF, pour lequel ils proposent la distribution d’un objet ready-made : des bombes de poche, sans marche à suivre et à l’usage des taggers supposés, espérés ou en devenir. Cette mise à la disposition du public d’un matériel utilisé généralement pour des interventions sauvages et contestataires constitue une réponse directe à la récente consigne de la Ville de Genève interdisant à toutes associations et institutions culturelles de communiquer des informations sur leurs activités par le biais d’affichages libres. Prétextant le non-respect de l’environnement, les autorités empêchent toute une culture populaire et celle des plus jeunes générations de s’exprimer.
Davantage critique l’action que Klat réserve à DwF/Genève rejoint l’essentiel de leur pratique, qui se caractérise davantage par la recherche de stratégies d’interaction avec le public que par la simple production d’objets. En effet, ils déplacent et mettent en scène le plus souvent des situations issues de la subculture, des activités alternatives et marginales, ou simplement de l’air du temps, en organisant ou réorganisant, par exemple, un camp retranché dans un terrain vague abritant 24 heures de leur vie communautaire, un atelier de tatoueurs, ou encore une fanzinothèque.
Leur position oscille ente le champ de l’art et celui du réel. En infiltrant de manière ludique et vivante l’espace plus traditionnel du « musée », encore très éloigné de la culture dite « jeune » teintée autant d’écologie et de principes de vie communautaire que d’une fascination, par exemple, pour la violence des jeux virtuels, ils résistent à un art qui s’approprie tous nouveaux phénomènes, qu’ils soient sociaux, culturels ou politiques, pour les vider aussitôt de leur signification et de leur réalité vitale. (cec)