One Step Backwards: Books, prints, videos, 1998
LISTE 98, The Young Art Fair,
Usine Warteck, Bâle
Exposition du 10 au 14 juin 1998
Vernissage le 9 juin 1998
Manifestation-exposition collective avec des œuvres, des éditions, des installations, des performances ainsi que des projections de vidéos ou de dias de Alex Baladi, Alexandre Bianchini, Cosima von Bonin, Mourad Cheraït, Claude Closky, Adam Dant, Alain Declercq, Jeremy Deller, Andreas Exner, Nicolás Fernández, Claude Gaçon, Vidya Gastaldon & Jean-Michel Wicker, Jakob Gautel, Fabrice Gygi, Mathilde ter Heijne, Thomas Hirschhorn, Laurence Huber, Klat, Koo Jeong-A, Elke Krystufek, Yves Levasseur, Claude Lévêque, Elena Montesinos, Gianni Motti, Honoré d’O, Kristin Oppenheim, Anne Pesce, Christophe Rey, Allen Ruppersberg, Alain Séchas, Luc Tuymans, Heimo Zobernig.
Si le détournement est un des maîtres mots définissant la production artistique contemporaine, il impliquera peu ou prou tous les paramètres qui constitueront l’exposition du Centre genevois de gravure contemporaine qui aura lieu dans le contexte commercial et très tendance de Liste 98, The Young Art Fair in Basel, et ceci jusqu’à son titre : One Step Backwards : Books, prints, videos, 1998, récupération partielle du titre ironique d’une toile quasi monochrome d’Olivier Mosset. Un pas en arrière, métaphore timide mais qui a été choisie ici pour illustrer cette « obligation de la distance envers ce qui a été falsifié en vérité officielle qui détermine cet emploi du détournement ». Cet aveu par Kierkegaard de ses emprunts de propos appartenant à d’autres auteurs afin d’en dénoncer les significations douteuses et ambiguës est tiré de La Société du Spectacle de Guy Debord et fait suite, dans la même thèse 206, au développement suivant : « le détournement ramène à la subversion les conclusions critiques passées qui ont été figées en vérités respectables, c’est-à-dire transformées en mensonges ». Ces « corrections historiques » représentent une des conditions nécessaires et primordiales à toute intervention artistique, c’est ce que Debord nomme encore le dépassement de l’art, né du perpétuel mouvement de déconstruction et de construction. Ces principes d’aller-retour et de distanciation constituent le principal critère qui a motivé les quelques intentions liées à ce projet d’exposition : du choix des artistes à celui du lieu, de sa qualité artisanale à l’actualité des travaux exposés. Concernant le lieu, Peter Bläuer – directeur de Liste 98 – nous a gracieusement réservé une vaste salle de torture : un atelier de gravure. Que pouvait-il arriver de pire à un centre de gravure que d’organiser une exposition dans un tel atelier ? Rien, à moins de saisir l’opportunité de faire un écart. Faire un pas de côté et mettre en scène plusieurs jeux de dépassements : entre les techniques traditionnelles (gravures, lithos…) et les nouvelles technologies (vidéos, images numériques, CD-rom…), entre celles-ci et des pratiques plus pauvres (collages, photocopies, objets récupérés ou résiduels…), mais aussi des déplacements d’attitudes, de médiums et de supports issus de l’ordinaire, du quotidien, de la vie : BD, fanzines, papiers peints, revues de mode, publicités, affiches, flyers, autocollants, matériel de propagande, informatique, bureautique, vidéo, etc. Ces pratiques participent aujourd’hui de la pluralité culturelle ambiante où art, mode, divertissement et engagement se mêlent dans un souvenir lointain des années 1970, témoignant de plus d’une volonté d’ouverture ainsi que de la réémergence du commentaire. Des attitudes qui font maintenant l’impasse sur certains aspects de l’art des années 1980-1990, lorsque les gestes de déplacements et d’imitation de même que l’académisme de l’in situ laissent la place à des univers personnels et à des réflexions qui impliquent davantage une conscience critique et nous rappellent cette nécessité de corriger l’histoire et peut-être de modifier la place de l’art dans notre société. De dépassement en dépassement, cette interrogation pourrait faire l’objet d’une prochaine exposition. (Véronique Bacchetta, Centre genevois de gravure contemporaine : One Step Backwards : Books, prints, videos, 1998, Special guest, texte publié dans le catalogue de Liste 98, The Young Art Fair in Basel)