Markus Schinwald, BAC, Genève
Exposition du 20 avril au 3 juin 2007
Vernissage le jeudi 19 avril 2007, dès 18h
Markus Schinwald est un artiste dont le travail est protéiforme et sans hiérarchie des genres. Inspiré autant par l’univers de la mode, de la danse ou de l’opéra et, plus largement, par celui du spectacle, il passe aisément de la performance au film, de la photographie à la production de vêtements. Ses escarpins sans talons (Low Heels, 1998) et baskets en peau de serpent (Snakers, 1998) – objets fétichistes par excellence – suggèrent un conditionnement plus subtil du corps. Car l’univers de Markus Schinwald oscille entre ceux de Lynch, Cronenberg et de Chalayan, et ses vêtements peuvent devenir des instruments de contrainte, se transformer en prothèses et même se substituer au corps. Ce dédoublement ou deuxième corps exprime les fantasmes cachés et fait remonter à la surface la complexité des profondeurs de l’inconscient.
Dans son film Dictio Pii (2001), les acteurs se croisent lentement dans les couloirs d’un hôtel fin de siècle, déserté, répétant des gestes automatiques et ritualisés, affublés d’absurdes accessoires inquiétants et minimalistes. Les personnages des Contorsionists (C-print, 2003), aux corps tordus à l’extrême, dans une danse « arrêtée », se transforment – quant à eux – en marionnettes, en figures : signes d’une culture sophistiquée et baroque qui invitent à la fois l’esthétique SM et la peinture symboliste, la lourdeur du style Biedermeier et la sensualité des chinoiseries. Mais le travail de Markus Schinwald n’est pas qu’une pose esthétique : il interroge aussi bien la liberté des corps que leur dérive dans une société fascinée autant par la perfection que par l’autodestruction.
Ces corps manipulés, contrôlés et mécanisés, qu’ils soient réels ou simulés, joués par des acteurs ou surjoués par des marionnettes ou des automates, seront enfermés et isolés dans un espace mis en scène par Schinwald – sorte de « petit théâtre » d’images – donnant à voir un ensemble de pièces récentes dans une dramaturgie qui poussera le spectateur dans le rôle de voyeur.