Jean-Michel Wicker
BBiblioteca ffanafffantastica
Vernissage le jeudi 23 mars 2017 de 18h à 21h
Exposition du 24 mars au 6 mai 2017
L’exposition de Jean-Michel Wicker BBiblioteca ffanafffantastica réunira plusieurs imprimés déclinés librement : fanzines, scrapbooks, books, antibooks, book-objects ou flyers. Le display de cette exposition proposera aussi des supports liés au livre, comme des extensions du geste de consultation, de lecture ou d’écriture ou même de la fonction de stockage : bibliothèques, présentoirs, vitrines, tables, chaises. D’autres objets ou matériaux utilitaires ; fils électriques, vêtements, porte-clefs, néons, lampes, bâches seront transformés, bricolés et combinés à une multitude de supports attendus ou détournés : papier, carton, plastique, papier mâché, coquillages. Dans cette pratique de manipulation du mot et de la lettre, qui pourrait être associée au lettrisme ou à la poésie concrète, Jean-Michel Wicker procède à des extensions et des déconstructions horizontales et radicales des conventions éditoriales, du cadre et des codes qui régissent l’écrit, au travers de jeux infinis sur la lettre, la typographie, produisant un mode de notation singulier, autonome et continuellement réitéré. Au-delà de la page et du livre, Wicker investit plus largement l’espace d’exposition, propose des environnements qui mêlent et entremêlent publications, sculptures, meubles, éclairages, vitrines ou tables de présentation et constructions éphémères. Il explore aussi et ponctuellement d’autres espaces ; ceux de la performance (anti-live performance n°2 : emcee jeanne moreau chante mimi e kleine, Artists Space, NY, 2013) ou du film. Pour son exposition au CEC, mêlé à une série de scrapbooks en vitrine, sera également présenté son film, anti theater 1 (2014), le portrait « en chapitre » d’une lecture lente, intérieure et silencieuse.
Comme des éléments viraux et récurrents, Wicker réinjecte dans tout son travail des lettres : le e, b, et B, et recrée un alphabet qui se démultiplie et se diffracte autant dans l’espace d’exposition que dans celui du livre. Le livre est envisagé dans ses formes les plus alternatives, la plupart du temps réinventées : le fanzine A4 (Lolita’s fanzine, 2007), le flyer, mais également le journal ou le magazine, le livre d’artiste, l’album (scrapbook), le rouleau de papier (scroll book ou scroll collage, vendu au mètre, 70 m de long pour l’exposition e industrial, Cubitt Gallery, Londres, 2014), le poster, le carnet de notes ou de collages. Ces « livres » peuvent être uniques ou produits en série, mais sont souvent réutilisés, revisités, retravaillés dans un processus en continuum, jusqu’à l’épuisement non annoncé, voire la destruction de chacune des séries. Ces livres-albums sont comme des journaux de bord, personnels et intimes. S’ils jouent de plusieurs combinaisons typographiques, de mises en page éclatées sur plusieurs pages, les travaux de Jean-Michel Wicker, ses livres et plus particulièrement notre édition, #picturebook1 diffusent des commentaires et des interrogations sur des thématiques récurrentes telles que l’identité, la sexualité, l’autonomie, la liberté, la résistance, la transgression dans le champ plus large et riche de la culture et de l’anti-culture. Si les différents assemblages de lettres proposent de multiples études typographiques -telles des gammes-, le système répétitif est éprouvé et crée des plages géométriques, quasi abstraites. #picturebook1 propose également des esquisses ou des dessins plus libres et met « en page » des images, des détails et des signes, qui apparaissent par surprise d’une page à l’autre. Comme inserts ou au-delà du livre, les collages et les peintures de Wicker se déclinent aussi sous forme de séries. Ils peuvent se transformer en structures, prendre de l’épaisseur, souvent recouverts de papier mâché, comme encollés et ils deviennent objets. Les imprimés se mêlent à des sculptures éphémères, mécaniques, dans des environnements souvent composés de mobilier réalisés dans des matériaux pauvres et fait main.
Partant du format du livre, de la surface de la page, de la répétition de lettres (e, b et B) et de l’appropriation ou de la fabrication d’images, ce flux de combinaisons typographiques, de collages (images tirées de magazines, publicités, fourres de disques), de jeux graphiques (sigles, logos), de citations et auto-citations textuelles, se mêle, se juxtapose, se répète, se régénère et se diffuse sur plusieurs supports, principalement l’imprimé, mais également sur internet (site internet www.eeeeeeeee.ee), au travers du rôle d’éditeur (le edizioni della luna, Nice, 2006-2008, le edizioni della china, Berlin 2008-2011, Ballabella papers, Berlin, à partir de 2009) et de collaborations multiples, avec des écrivains ou des musiciens. L’espace d’exposition peut aussi devenir l’espace de projection de cette écriture diffractée. La page peut aussi être un jardin (Casa Jungle, Nice, 2003-2009).
« i see life (or reality) as a comic book or cartoon, and exhibitions as fanzines (made in 2 dimensions, shown in 3D and experienced in 4 ; the form is an environment, an image with muliple points of views that the visitor can experience on his own) politics are xeroxed (xeroxed politics). » Jean-Michel Wicker
Jean-Michel Wicker
#picturebook1
Livre d’artiste, offset, 27 × 28, 5 cm, 396 pages, dont 360 pages couleur et 36 pages en noir, sur papier LuxoArt Silk 150 g/m2, couverture couleur brillante, papier LuxoArt Silk 350 g/ m2, 10 inserts, couleur, 26,5 × 28 cm, papier LuxoArt Silk 130 g/m2, publication d’un « arbre de vie» réalisé par Jean-Michel Wicker en collaboration avec Marlie Mul, d’un texte de Harry Burke et d’une recette alsacienne de tarte aux quetsches par Charlotte Wicker (français), anglais, tiré à 500 exemplaires. Graphisme : Maximage Société Suisse, Londres. Imprimeur: DZA Druckerei zu Altenburg, Altenburg. Edition du Centre d’édition contemporaine, Genève, Juin 2017.
Jean-Michel Wicker est un artiste français né en 1970 à Riedisheim qui vit et travaille à Berlin. Il s’intéresse dès les années 1990 dans son travail à la production, incluant l’édition, la typographie, la performance et le jardinage. Jean-Michel Wicker est le fondateur des maisons d’édition : le edizioni della luna, Nice, le edizioni della china, Berlin et Ballabella papers, Berlin.
Quelques-unes de ses dernières expositions personnelles : Edouard Montassut, Paris (2017), Bergen Kunsthall, Bergen (2015), Sandy Brown, Berlin (2015), Künstlerhaus, Stuttgart (2015), Cubitt, Londres (2014), New Theater, Berlin (2014), Artists Space, New York (2013), Kunsthalle Bern (2012), KW Institute for Contemporary Art, Berlin (2010).
Parmi ses expositions collectives : Institute of Contemporary Arts, Londres (2014), Kunsthal Charlottenborg, Copenhague (2011), Kunsthalle Zurich (2011)
L’exposition BBiblioteca ffanafffantastica de Jean-Michel Wicker est soutenue par le Fonds cantonal d’art contemporain, DIP, Genève et la Fondation Leenaards, Lausanne.
La publication #picturebook1 a pu être réalisée grâce au généreux soutien de la Fondation Leenaards et Shelley Fox Aarons et Philip Aarons.
Remerciements à Valérie Knoll, Kunsthalle Bern, David Keshavjee and Julien Tavelli, Maximage Société Suisse, Londres, Niels Wehrspann, Lausanne, John O’Toole, New York, Matthieu Neyroud, Zsuzsanna Szabo, Steve Leguy et Beat Lippert, Genève.
Le CEC est soutenu par la Loterie Romande, le Département de la culture et du sport de la Ville de Genève et une fondation privée genevoise.