Jean-Marc Meunier
Sapins de Noël, 1988-1989
Exposition du 31 mai au 14 juillet 1990
Vernissage le 30 mai 1990
Jean-Marc Meunier est avant tout photographe de paysage : en 1984, sa première série importante est consacrée aux quartiers en transformation du sud-est de Londres, qui lui offrent des paysages entiers en chantier, moitié sauvages, moitié industriels. Il se concentre ensuite sur la végétation, particulièrement la végétation d’agrément des zones suburbaines et des quartiers résidentiels, et sur son entremêlement avec l’architecture et les aménagements publics. Sa série sur les sapins de Noël, réalisée entre novembre 1988 et janvier 1989 dans la région genevoise, poursuit ce même thème. Le sapin y joue un double rôle. Il est d’abord le sujet principal de chaque image, avec toutes les idées qui peuvent lui être associées : incarnation d’un goût – ou aujourd’hui peut-être d’un dégoût – commun, image d’une tradition déconnectée, d’une tentative dérisoire d’embellissement et d’animation d’espaces de toute façon indifférents, rappel contradictoire de l’enfance et de l’année en plus, kitsch pesant d’un arbre à la fois mort et resplendissant, dont le statut même d’objet de fête ou de déchet n’est pas toujours très sûr… Mais il est aussi et surtout, pour Jean-Marc Meunier, un prétexte à décrire de façon plus systématique l’espace urbain et suburbain. Ayant ici pour première qualité de se trouver partout, il justifie par sa présence la photographie de lieux a priori indifférents et la prise en compte et l’organisation autour de lui de quantité d’éléments parfaitement anodins de l’environnement quotidien : mobilier urbain, installations électriques, etc. Souvent incongru dans le cadre où il se trouve parachuté, il rend à son tour curieux l’ensemble de ce qui l’environne (des barrières qui le protègent, le désordre qui le noie, le vide d’une pelouse). L’ironie des images porte ainsi moins sur l’arbre lui-même que sur ce qui l’entoure. Cadré dans de vastes portions d’espace et mis en rapport avec des éléments parfois lointains, il fait surtout apparaître la complexité visuelle, le caractère composite de cet environnement, dès lors qu’on le saisit – ce que l’on ne fait jamais dans la vie réelle – comme ensemble, comme tissu de relations, comme paysage. (Olivier Lugon, communiqué de presse)