Hinrich Sachs
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B. Toguo Tamokoué
Exposition du 18 avril au 31 mai 1997
Vernissage le 17 avril 1997
La prochaine exposition du Centre genevois de gravure contemporaine sera consacrée à deux jeunes artistes : Barthélémy Toguo Tamokoué (né en 1967 au Cameroun, vit et travaille à Grenoble, Düsseldorf et Abidjan) et Hinrich Sachs (né en 1962 à Osnabruck, vit et travaille à Hambourg) qui ont reçu tous deux la bourse du Cggc/1996, leur donnant la possibilité de produire une édition en gravure ou dans toute autre technique réalisable dans nos ateliers. Cette exposition est le résultat de plusieurs coïncidences, entre autres, du choix de notre jury qui s’est porté sur deux artistes qui désiraient se rencontrer et qui, suite à leur rencontre, ont projeté un voyage commun en Côte d’Ivoire. Ce projet s’est développé sur la base de leur expérience personnelle respective et de leur parcours linguistique et artistique : chacun ayant vécu l’expérience de l’immigration et dû quitter une langue maternelle pour une langue étrangère. Ainsi, leur histoire et leur pratique artistique les ont amenés à se retrouver aujourd’hui en Europe, et peut-être demain en Afrique. […] Hinrich Sachs cherche à cerner, principalement parmi les supports publicitaires occidentaux qu’il collecte, les diverses manipulations que subit la langue et, plus particulièrement, à mettre en évidence les déviances xénophobes et racistes qui peuvent se cacher derrière certains slogans ou formules-chocs. Il s’est également intéressé au multilinguisme, aux problèmes de traduction et aux dichotomies entre langue maternelle et langue d’adoption, problèmes qui touchent actuellement un grand nombre de personnes, immigrants ou réfugiés. Afin de détecter les déplacements de sens d’un idiome à l’autre et de définir les décalages entre les différents types de communication inhérents à chaque langue et à chaque culture, il crée des événements et des échanges directs entre des personnes venues d’horizons divers, essentiellement des communautés arabes et africaines vivant en Allemagne. B. Toguo Tamokoué, quant à lui, a très tôt été obligé de passer d’une langue à une autre puisque, né au Cameroun, il a laissé de côté le dialecte de son ethnie – les Bamilekés – pour le français, plus communément parlé dans son pays. Par la suite, B. Toguo Tamokoué a abordé l’allemand, mais il a surtout été confronté à la culture occidentale au travers de ses études et de ses déplacements en Europe. En effet, après les Beaux-Arts d’Abidjan en Côte d’Ivoire, il a poursuivi ses études aux Beaux-Arts de Grenoble et à l’Académie de Düsseldorf. Cet itinéraire l’a donc amené à être directement en contact avec plusieurs langues et à devoir s’adapter rapidement à de nouveaux usages. Au cours de sa formation artistique, il a dû, paradoxalement et dans un premier temps, se libérer des influences occidentales les plus traditionnelles et les plus académiques que l’on puisse imaginer, toujours en vigueur dans les pays africains, avant de retrouver, en Europe seulement, ses origines, sa culture et un language propre grâce à la redécouverte de la sculpture sur bois. […] Il reste proche des légendes africaines, de leurs réminiscences et de la tradition de l’oralité qu’il utilise comme des points d’ancrage lui permettant de jeter un regard étonné, parfois choqué, souvent critique mais toujours ironique, sur ce qu’il découvre en Occident […] B. Toguo Tamokoué cherche à se situer par rapport au contexte, parfois ségrégationniste, dans lequel il vit actuellement. (Véronique Bacchetta, extrait du communiqué de presse)