Heimo Zobernig
Exposition du 7 novembre au 21 décembre 1996
Vernissage le 6 novembre 1996
Avec des objets que l’on hésite à qualifier d’artistiques ou d’utilitaires, Heimo Zobernig interroge à la fois les lieux de l’art (l’exposition, le catalogue) et l’environnement quotidien (un bar, une façade). Ces déplacements créent des croisements entre des objets de nature architecturale qui, dans un cadre artistique, se résument à des signes renvoyant à une fonction et des décors qui théâtralisent des lieux de vie. Zobernig s’approprie un territoire et en resitue le cadre, faisant glisser les différents modes – peinture, architecture, sculpture… – les uns vers les autres en mettant en évidence le flottement entre la réalité et sa reproduction. C’est à cette limite que l’artiste place ses objets – structures architecturales, pièces de mobilier – qui représentent davantage par leur réductivisme esthétique (matériaux pauvres, à l’état brut, non fini) une architectonique traduisant les indices d’une fonction élémentaire ou d’une monumentalité. On pourrait d’ailleurs qualifier ces objets de strict minimum, comme s’il se résumait simplement à un art de la construction. […] Cette littéralité a également guidé le motif de l’édition. En effet, Zobernig s’est limité à imprimer telle quelle, en aplat et en noir, la surface polie d’anciennes pierres lithographiques abîmées, voire même cassées. […] En parallèle à son travail plastique, Zobernig réalise, depuis 1981, des films super 8, souvent de courte durée, et des vidéos de 30 minutes correspondant au premier standard VHS. Comme le suggère le titre d’une de ses vidéos, De nada (1981), presque rien n’est donné à voir : les invités arrivant à un vernissage, filmés depuis la fenêtre de la galerie ou, comme dans Hans Weigand et Heimo Zobernig (1992), la répétition d’une action montrant les deux artistes en train de tirer sur la chaîne de deux scies électriques sans jamais parvenir à les faire démarrer. […] Mais si un film est un film et une porte une porte, Zobernig repose encore cette question de la condition de l’art avec l’humour et la légèreté propres à un romantisme où cohabitent la conviction et le désenchantement. (Véronique Bacchetta, extrait du communiqué de presse)