Florian Pumhösl
Héliogravures et film
Exposition du 29 octobre 2004 au 29 janvier 2005
Vernissage le 28 octobre 2004 dès 18h00
Dans un des derniers films de Florian Pumhösl, Untitled (Mixed Exhibits), 2003, des images d’une cité abandonnée se succèdent lentement, hors du temps, dans un sentiment d’attente, de menace, de fin. Comme un diaporama en fondu enchaîné, on passe des murs extérieurs d’une immense forteresse à un jardin intérieur en friche ; au fond un cyclope, seul, immobile, assis dans une semi-obscurité. On ressort au niveau du sol, sous les murs, parmi des blocs de pierres et de béton. On glisse sans ruptures de l’artificialité rocailleuse du jardin d’hiver à l’aride pierrier extérieur. Les pierres «naturelles» filmées dans un long plan presque arrêté, se chargent d’une densité minérale. Cette matérialité immobile et radicale est accentuée par cette référence au Cyclope, qui fige le temps et enferme le spectateur dans ce monde arrêté, un non-lieu, un hors temps. L’œil unique, mobile dans sa cavité monstrueuse, nous fixe comme un « oeil-caméra », nous laissant seuls dans un espace vide et obscurci.
Ce film est alors parfaitement intégré dans une exposition où tous les murs sont tendus de noir et toute l’architecture est décidée par l’artiste. Une photographie noir/blanc d’une sculpture d’Henri Moore, la momie d’un faucon couchée dans sa vitrine et une série de photogrammes presque noir sur noir ou blanc sur blanc inspirée des collages de Moholy-Nagy construisent un lieu où tous les éléments se contaminent, entièrement soumis au vocabulaire formel de Florian Pumhösl, pris dans d’un faisceau de références esthétiques et de citations historiques ou scientifiques.
Ses investigations le mènent tout aussi bien dans les années 20 que 50 ou 60. Des époques qui ont à chaque fois considérer l’œuvre comme totale et dont il s’inspire pour ses montages d’exposition. Une préférence pour les films abstraits et expérimentaux – artistiques autant que scientifiques – et plus particulièrement pour le modernisme, plutôt minimaliste et concret, lui permettent aussi de reconstruire une idée forte de l’abstraction.
Florian Pumhösl présentera, au Centre d’édition contemporaine, Etudes abstraites, une nouvelle édition de 5 héliogravures noir/blanc et d’un film récent, Tableau-horloge, env. 1830, Charles 1er avant son exécution, U.I. No. 2553 (film 16 mm/DVD, 2 min. 2004). Ces deux nouvelles productions formeront une installation exclusivement réalisée pour cette exposition. Le point de départ de cet ensemble est une peinture anonyme du XIXe siècle, faisant partie de la collection du musée de l’horlogerie de Vienne, dans laquelle est insérée directement une horloge miniature. Cette première « sculpture cinétique » pourrait être envisagée comme un des prémices à la mécanisation. Cette découverte rejoint parfaitement la fascination de l’artiste pour le modernisme des diagrammes et des films abstraits du début du XXe siècle qui lui servent souvent de supports référentiels à ses recherches de conceptualisation de nouvelles formes d’abstraction.