Une soirée de présentation de deux « Before publications » a été organisée au CEC, le jeudi 25 mai 2023, en collaboration avec Joyfully Waiting, projet sonore de Nathalie Rebholz. Elle réunissait Laurence Bonvin (artiste, photographe et réalisatrice, née en 1967 à Sierre), dont la publication, شالي (shali). Before publication 7, est sortie en 2022, et Yann Chateigné Tytelman (auteur et commissaire d’exposition indépendant, né en 1977 à Bruxelles) qui lançait sa contribution, Blackout. Before publication 10, dans le cadre de cet événement. Cette soirée offrait un espace de discussion autour des diverses thématiques abordées par les deux intervenants, en conversation avec Véronique Bacchetta. Chacun est revenu sur l’élaboration de sa « Before publication », aussi bien que sur sa pratique artistique, dans le cas de Laurence Bonvin, ou curatoriale, pour ce qui est de Yann Chateigné Tytelman.
Un interlude musical de RM, Dirty dirty desire, 2023, track par Pony Pride, sorti sur activeRat, a suivi la présentation des deux publications. Puis, la soirée s’est conclue sur une session d’écoute de Joyfully Waiting.
Dès 2019, le CEC lance la collection Before publication. Elle regroupe plusieurs textes d’auteurs ou inserts d’artistes qui paraissent régulièrement et jusqu’à l’édition définitive de L’Effet papillon, 2008–2024, second tome du catalogue rétrospectif du Centre d’édition contemporaine, L’Effet papillon, 1989–2007 (paru en 2008).
Laurence Bonvin, شالي. Before publication 7, 36 pages, éd. du CEC, 2022
La série de photographies Shali (maison en langue siwi), a été réalisée en février 2021 – Shali, photographies digitales (originaux en couleur), impression jet d’encre sur papier Hahnmühle, 74,7 x 58 cm, 2021. Elle désigne la forteresse du même nom, située au centre de l’oasis de Siwa en Égypte. La technique de construction, le kershef, est un mélange d’argile, de sel et de pierres. Elle est exemplaire de l’architecture vernaculaire berbère et offre une protection naturelle contre la chaleur du désert. Fortement érodée par le temps et les pluies torrentielles de 1926, la forteresse de Shali a été restaurée par le gouvernement égyptien qui veut faire de Siwa un centre éco-touristique.
Née en 1967 à Sierre, Laurence Bonvin est une photographe et réalisatrice suisse. Elle vit entre la Suisse et la ville de Lisbonne. Marquée par le documentaire, son approche est centrée depuis de nombreuses années sur le paysage, l’architecture et les phénomènes de transformation des environnements urbains et naturels. À travers son regard, l’artiste révèle les dimensions sociales, poétiques et politiques des lieux intermédiaires que sont les frontières, les friches, les zones préurbaines et périurbaines, et interroge leurs identités. Son travail photographique a été présenté dans le cadre d’expositions individuelles, notamment : Blackrock, Biennale Dak’Art, Dakar (2022) ; Earth Beats, Kunsthaus Zürich (2021) ; See Pieces, Fondation Alfred Ehrhardt, Berlin (2021) ; Les lois de l’improbabilité, Centre pour la photographie, Genève (2020). Elle a également participé à l’exposition collective, La montagne en perspective, auMusée d’Art et d’Histoire, Genève (2022-23). Laurence Bonvin a réalisé plusieurs court-métrages présentés dans le cadre d’expositions ainsi que sélectionnés par des festivals internationaux, comme Ghost Fair Trade (2022). Elle a bénéficié d’un atelier Pro Helvetia Le Caire entre 2020 et 2021.
Yann Chateigné Tytelman, Blackout. Before publication 10, 44 pages, éd. du CEC, 2023
« Tout a commencé par une lettre à mon père. Cela faisait une dizaine d’années qu’il était mort, et j’ai tout à coup eu envie de lui écrire au sujet du silence, de son silence, du silence entre nous. Cela a commencé en 2020, comme une nécessité. Le silence, alors, était frappant. Il résonnait avec d’autres voix effacées, d’autres vides, d’autres émotions. J’ai cru que je n’arriverai pas à m’arrêter. Ni journal, ni essai, ni nouvelle, Blackout est un tissage, une tresse faite de ces lignes de silence, et raconte, par fragments, l’histoire d’une dépossession, d’une entrée dans l’obscurité. »
(Yann Chateigné Tytelman, Blackout. Before publication 10, extrait tiré du colophon)
Yann Chateigné Tytelman est né en 1977 à Bruxelles, où il vit. Il est auteur et commissaire d’exposition indépendant Il a été conseiller artistique à MORPHO, Anvers ; curateur à KANAL – Centre Pompidou, Bruxelles (2019–2021) ; responsable du Département Arts Visuels de la HEAD – Genève (2009–2017) et de la programmation au CAPC Musée d’art contemporain de Bordeaux (2007–2009). Il a récemment organisé Four Sisters (Musée Juif de Belgique, Bruxelles, 2023), A Glittering Ruin Sucked Upwards (HISK, Bruxelles, 2022), Gordon Matta-Clark : Material Thinking (Centre Canadien d’Architecture, Montréal et Museum der Moderne, Salzburg, 2019–2021) et By repetition, you start noticing details in the landscape (Le Commun, Genève, 2019). Il a contribué à Conceptual Fine Arts, Mousseet Spik, et a coédité Almanach Ecart. Une archive collective, 1969–2019 (HEAD – Genève/ art&fiction, 2019).
Ce projet bénéficie du soutien de la Ville de Genève, et de l’Office fédérale de la culture et de la République et canton de Genève.
Née à Los Angeles en 1970, Liz Craft appartient à une génération d’artistes fortement inspirée par l’imaginaire libertaire de la Côte Ouest des États-Unis, héritière de l’esprit du Flower Power des années 1970 et du militantisme sexuel des années 1980. Dans l’interview donnée à l’occasion de son exposition, Ms. America, au CEC, du 5 novembre 2022 au 3 février 2023, Craft revient sur son parcours de vie et d’artiste avec son ami et galeriste genevois Paul-Aymar Mourgue d’Algue. Craft évoque notamment l’importance et l’influence qu’ont eues sur son travail la communauté d’artistes et les synergies créées autour des projets comme Paradise Garage, petite galerie fondée avec Pentti Monkkonen dans le garage de leur maison à Venise, Californie. Elle revient également sur la foire d’art Paramount Ranch qu’elle et Monkkonen mettent sur pied dès 2014 avec les galeristes Alex Freedman and Robbie Fitzpatrick, et qui établit des échanges entre Los Angeles et les scènes artistiques européennes. L’artiste retrace également l’évolution de son travail qui passe d’une production monumentale à une production artisanale, légère et rapide ; en somme, plus libre, telles les Pac-Women, sortes de figurines-marionnettes, présentées à son exposition au CEC. Liz Craft & Paul-Aymar Mourgue d’Algue. Conversation est la deuxième vidéo d’une série de discussions filmées entre des artistes et des personnalités du monde de l’art, impliquées dans la programmation du CEC.
Liz Craft (1970, Los Angeles) vit et travaille à Berlin. Elle a été exposée, entre autres, à la galerie Real Fine Arts, New York, Truth and Consequences, Genève, Jenny’s, Los Angeles, à la Neue Alte Brücke, Frankfort entre 2015 et 2022. Son travail a été présenté dans le cadre de diverses expositions individuelles, comme : Me Princess, Kunsthaus Centre d’art Pasquart, Bienne (2023) ; Ms. America, Centre d’édition contemporaine, Genève (2022) ; Cavern, Neue Alte Brücke, Frankfort (2022) ; Do You Love Me Now ? Kunsthalle und Kunstmuseum, Bremerhaven (2022) ; Escape From New York, Baby Company, New York (2019) ; QUERELA, Galeria Zé dos Bois, Lisbonne (2019) ; Watching You Watching Me, Jenny’s Gallery, Londres (2018). Elle a également participé à de nombreuses expositions collectives : Kreislaufprobleme, Croy Nielsen, Vienne (2019), Tranted Love, Confort Moderne, Poitiers (2018) ; Sueurs Chaudes, South Way Studio, Marseille (2017) ; Medusa. Bijoux et tabous, Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, Paris (2017).
Paul-Aymar Mourgue d’Algue (Genève, 1974) vit et travaille à New York. Il est commissaire d’exposition indépendant et critique d’art.
Ce projet bénéficie du soutien de l’Office fédérale de la culture et de la République et canton de Genève.
Du film à la performance, en passant par la peinture, la sculpture et l’installation, la pratique de Mai-Thu Perret est multiple, mêlant aussi bien le modernisme, le mouvement Arts and Crafts que les spiritualités orientales. Ses œuvres abordent diverses thématiques portant aussi bien sur les questions de genres et les politiques féministes radicales, que sur l’humain (le corps, la sexualité, le médical), l’espace intime (mobilier, objets usuels, décors) ou encore l’enfance (dessins, jeux). C’est notamment son intérêt pour certaines techniques artisanales qui lie Mai-Thu Perret à Matthew Lutz-Kinoy, dont les travaux expriment très librement des questionnements liés au corps, à la sexualité et aux genres. Dans une narration souvent autobiographique, l’artiste exprime son engagement pour une société plus tolérante et moins conventionnelle.
Conversation est une interview entre Mai-Thu Perret et Matthew Lutz-Kinoy, la première d’une série de discussions filmées que le CEC produira avec des artistes et autres personnalités du monde de l’art impliqués dans sa programmation. Cette interview est l’occasion de revenir sur l’édition Scrolls in the Wind que Matthew Lutz-Kinoy avait réalisée pour le Centre en 2018 et la récente exposition et édition que Mai-Thu Perret My sister’s hand in mine a réalisées pour le Centre en 2022. L’interview dévoile la complicité entre ces deux artistes au parcours singuliers et leur intérêt partagé pour l’artisanat.
Mai-Thu Perret (1976, Genève) vit et travaille à Genève. Son travail a été présenté dans le cadre de diverses expositions individuelles, comme : Mother Sky au David Kordansky Gallery, Los Angeles (2023) ; Real Estate et Untitled à l’Instituto Svizzero, Rome (2021 et 2022) ; My sister’s hand in mine au Centre d’édition contemporaine, Genève (2021). Elle a également participé à de nombreuses expositions collectives : Les Flammes au Musée d’art moderne de Paris, Paris (2021) ; Same things make us laugh, make us cry au Body Archive Project, Zurich (2021).
Matthew Lutz-Kinoy (1984, New York) vit et travaille entre Los Angeles et Paris. Ses projets ont été exposés dans diverses expositions individuelles tel que : Plate is Bed, Plate is Sun, Plate is Circle, Plate is Cycle à la Galerie Kamel Mennour, Paris, France (2022); Soap Bubbles à Art Basel Parcours, Basel (2022) et il a récemment participé aux expositions collectives suivantes : River of Rebirth au Z33, Hasselt (2023) ; Le salon de musique, au Kamel Mennour, Paris (2022).
Ce projet bénéficie du soutien de l’Office fédérale de la culture et de la République et canton de Genève.
Paul Viaccoz,Murs chamaniques. Commentaires, vidéo, 5’41’’, son, français, 2022
Dans un aller-retour entre la magie et les limites de la science, entre illusion et réalité, les dessins, peintures murales et assemblages d’objets de Paul Viaccoz oscillent entre constats, menaces et prédictions, une vision à la fois surréelle et horrifiée de la violence et l’horreur de l’actualité et ses déflagrations mortifères : guerres, maladies, pandémies.
Enregistré en janvier 2022 à Courroux dans l’atelier de Paul Viaccoz, Murs chamaniques. Commentaires est comme une prolongation de l’exposition ESPRIT ES-TU LÀ ? a eu lieu quelques mois auparavant au CEC. Il y raconte en voix-off son voyage spirituel à la rencontre de la maladie et de la mort. Le film offre également un voyage visuel, un « travelling » le long d’un mur de son atelier réunissant des objets, souvenirs ou mystiques personnelles qui constituent les Murs chamaniques, que l’artiste recompose en continu et in situ, depuis quelques années. Jour après jour, il y a assemblé des objets trouvés dans la nature ou issus de la vie courante, des souvenirs, fétiches, talismans, juxtaposés ou recombinés à des photographies, dessins, screenshots de vidéos, cartes postales, masques, instruments de musique, têtes de morts, sabres, fleurs séchées, plumes, bijoux et broderies. Cet ensemble d’objets, d’images et de textes forme un puzzle mural, reconstruit au grès de son humeur, ses réflexions et son histoire.
Paul Viaccoz (1953, Saint-Julien-en-Genevois) vit et travaille dans le canton du Jura. Son travail a été présenté dans le cadre de diverses expositions individuelles, comme : ESPRIT ES-TU LÀ ? au Centre d’édition contemporaine, Genève (2021) ; La censure des messages au Musée jurassien des arts, Moutier (2018). Il a également participé à de nombreuses expositions collectives : Résonnances (2021) et Mystères et frissons (2022), toutes deux au Musée jurassien des Arts, Moutier ; Sans titre, entre autres, David Mamie, Xavier Robel et Nicola Todeschini, un regard sur la collection de dessins du FMAC, Le Commun, Bâtiment d’art contemporain, Genève (2019).
Ce projet bénéficie du soutien de l’Office fédérale de la culture et de la République et canton de Genève.