Edited by the CEC!
Focus: Mélanie Matranga
Edited by the CEC!
Exposition du 13 octobre au 25 novembre 2017
Ouverture le 12 octobre 2017 dès 14h30
Editions de Valentin Carron, Marc Camille Chaimowicz, François Curlet, Philippe Decrauzat, Jason Dodge, Sylvie Fleury, Mathis Gasser, Thomas Hirschhorn, David Hominal, Tobias Kaspar, Jakob Kolding, Mélanie Matranga, Giuseppe Penone, Oscar Tuazon, Oriol Vilanova, Jean-Michel Wicker, Susanne M. Winterling, Heimo Zobernig
+
Focus: Mélanie Matranga
La démarche artistique de Mélanie Matranga est traversée par des récits qui infiltrent une production d’objets, d’installations et de films, ou même de pièces de mobilier et des reconstitutions d’intérieurs, qui se chargent de signes, de textes ou d’images signifiants : dessins, photographies, imprimés, projections. Ces éléments combinés proposent des « situations » qui interrogent l’intime et semblent imprégnés de sensations et de sentiments résiduels, réceptacles où se croisent le vécu et l’imaginaire, le document et le scénario.
Mélanie Matranga analyse les problématiques de l’identité, du sentiment amoureux, du rapport à l’autre et au collectif. Dans une société où chacun semble vivre dans sa « bulle », affective, psychologique et sociale, où l’échange semble différé par le monde absorbant du numérique et des réseaux sociaux, par l’émergence de nouvelles peurs et par les injonctions à « être soi-même », boursouflant encore plus les égocentrismes, amplifiant la perte de solidarité et accentuant les solitudes. Les « chambres » de Matranga offrent une atmosphère calme, propice à l’écoute, à l’empathie et à la réflexion.
Ces « lieux » questionnent un monde où semblent de plus en plus se juxtaposer les individualismes et les différents groupes communautaires, où chacun vit un repli sur soi. Ces phénomènes d’incommunicabilité sont particulièrement et subtilement mis en scène notamment dans les deux derniers films de Matranga, Jour&Nuit (2015) et You (2016), où des personnages, souvent des adolescents, se rencontrent, tentent des échanges verbaux, affectifs, sensuels ou sexuels sans réellement y parvenir. Dans ces histoires courtes, les acteurs semblent flotter, bloqués dans leur tête ou leurs préoccupations personnelles, peinant à communiquer, sans même y tenir réellement. Ils se rencontrent, se loupent, se retrouvent, comme par hasard, guidés par un scénario très ouvert, laissant du temps et de l’espace à la liberté d’expérimenter et de vivre.
Mélanie Matranga reste dans une esthétique simple, pauvre, accessible. Elle combine des meubles et des éléments de décors basiques – lits, matelas, coussins, fauteuils, lampes, tentures -, qu’elle travaille dans des matériaux naturels – bois, coton, corde -, qu’elle bricole ou réarrange, sans faire du design, elle privilégie le fait main. Des objets, invitant au confort ou parfois à un inconfort ironique, mais toujours doux, lumineux, proposent au public une forme de détente et de disponibilité. Comme le dit Mélanie Matranga : « Ce qui m’intéresse, c’est comment se placer physiquement dans un endroit, mais aussi comment se placer dans la vie avec les autres, comment se définir par rapport aux autres ». [1]
Pour le CEC et la présentation de ses deux films, Jour&Nuit et You, Mélanie Matranga a prévu une cabine constituée de grands panneaux en draps blancs séparant la projection du reste de l’espace et de la lumière, offrant surtout un espace protégé et propice au visionnement de ces films intimistes, nous invitant à la fois à l’introspection et à notre rapport à l’altérité.
Mélanie Matranga est une jeune artiste française née en 1985 à Marseille, elle vit et travaille à Paris et a déjà participé à plusieurs expositions collectives entre 2013 et 2017 à la Dortmunder Kunstverein, Dortmund, Cneai, Paris, aux Atelier de Rennes, à la Fondation d’Entreprise Ricard, Paris, au Museum Ludwig, Cologne, à Union Pacific, Londres, à Artists Space, New York, au LUMA Westbau, Zurich et chez Castillo/Corrales, Paris. Elle a également été invitée à participer à plusieurs expositions personnelles entre 2014 et 2017 à la Schirn Kunsthalle Frankfurt, à Karma International, Los Angeles, Indipendenza, Rome, Edouard Montassut, Paris, au Palais de Tokyo, Paris et pour le Frieze Artist Award, Frieze Art Fair, Londres.
[1] Citation tirée de l’entretien avec Mélanie Matranga mené par Thomas Boutoux et Benjamin Thorel paru dans la monographie de Mélanie Matranga, collection Palais de Tokyo (Paris), édition Les presses du réel, Dijon, 2015