Valentin Carron
Deux épaisseurs un coin
Vernissage le jeudi 15 septembre 2016 de 18h à 21h
Exposition du 16 septembre au 26 novembre 2016
Valentin Carron explore le principe de réalité par des gestes d’appropriation, reproduisant presque à l’identique des éléments issus de la culture populaire, de l’art du monument, du quotidien ou de son environnement proche. Le décalage signifiant se situe probablement davantage au niveau du choix des référents que de leur simple déplacement dans le champ de l’art. Carron occulte la fonction, émousse l’aspect décoratif et revisite la fabrication artisanale de ces objets qui oscillent entre ironie, affection et fascination et semblent se densifier au contact de l’art, se charger d’une reconnaissance commune et de la nostalgie d’une histoire perdue.
Valentin Carron présentera pour son exposition au CEC entre autres deux productions exclusivement réalisées pour le CEC : un film, L’Exercice et l’édition d’un imprimé, Sunset Punta Cana, accompagnés d’une sculpture, Deux épaisseurs un coin, faisant partie d’une série de plaques en bronze débutée cette année. Le film, l’imprimé et le bronze forment un ensemble cohérent où chaque objet existe comme exemplaire unique ou faisant partie d’une déclinaison. Ces œuvres semblent trouver par leur traitement et leur facture une parenté avec l’idée de manque, par leur sujet avec celle de la perte. Carron ne raconte pas réellement des histoires, mais garde davantage les résidus de micro-événements, de gestes inconscients, de hasards. Le déroulé du film, la reproduction d’une couverture de livre et les plaques de bronze, comme des pages, suggèrent une forme d’écriture, des extraits de récit. L’imprimé Sunset Punta Cana reproduit un motif embossé, ceux des plaques de bronze sont plutôt détourés et en creux. Dans le film L’Exercice, une succession de pas déploie une marche lente et sans fin. Chaque trace de pas, réduite à un signe, se détache en noir sur la surface lumineuse de la projection, formant une suite de trous noirs, béants, sans fond, métaphores réitérées du vide, de la chute. Ce sentiment de perte est renforcé par les sujets : le soleil couchant sur Punta Cana, vrai-faux paradis perdu, les objets égarés, les déchets – un mégot, une peau de banane, un lacet, un peigne – insérés dans le bronze. Ce focus sur ces détails si réels et dérisoires, signifie l’univers sous-jacent et parallèle de moments oubliés, d’une banalité ordinaire et d’une infinie tristesse. Ces petites choses en bronze posées sur un socle, conservées comme des reliques, ajoutent une dimension presque sacrée à ces objets tombés, délaissés et perdus, symboles de notre défaite, de notre finitude. Deux épaisseurs forment un coin, l’autre coin reste en manque.
Valentin Carron, Sunset Punta Cana, imprimé, jet d’encre, couleurs, sur papier Hahnemühle Photo Rag 308 g/m2, 105,4 × 80,3 cm, tiré à 12 exemplaires, 2 e.a. et 1 H.C., encadrés, numérotés, datés et signés au recto. Impression Nicolas Pirolet, Bex. Edition du Centre d’édition contemporaine, Genève, 2016.