Roman Signer
Installation hélicoptère, 1990
Exposition du 26 octobre au 8 décembre 1990
Vernissage le 25 octobre 1990
[…] Roman Signer intervient sur les éléments naturels – eau, feu, air, terre – et parfois sur des objets manufacturés ou industrialisés tels des caisses, des bidons, des ballons ou des meubles, en les faisant voler, tomber, exploser, se remplir, se vider, etc., à l’instar de Richard Serra lorsqu’il proposait, en 1967-1968, sa fameuse liste de verbes d’action « rouler, rabattre, plier, tordre, fendre, couper… » Roman Signer privilégie le déroulement, le processus et l’idée de sculpture en mouvement. Son dernier film retrace une action de plus d’un mois, Aktion mit einer Zündschnur, entre Appenzell et Saint-Gall. Une mèche de 20 km, placée le long de la voie de chemin de fer, reliait les deux villes. La mise à feu était donnée à la gare d’Appenzell, le parcours se terminait à la gare de Saint-Gall. Roman Signer et son équipe devaient surveiller le parcours de la flamme et la faire exploser tous les 100 mètres. Il y eut donc 200 explosions, toutes les 4 heures 30, la vitesse de la flamme étant d’un quart d’heure par mètre. Loin d’un petit problème de calcul, cette action confrontait la violence de chaque explosion, la répétition dérisoire du même bref incident avec l’étirement du temps total (35 jours). Elle prenait l’allure d’un parcours initiatique où un équilibre entre la concentration de l’énergie et sa libération devait être maintenu. Roman Signer recherche une certaine domination de l’espace et du temps qui lui demande, lors de chaque action, une attention et des dispositions psychiques qui vont s’exprimer au travers de jeux souvent violents et dangereux, mais toujours poétiques, magiques et humoristiques. Roman Signer n’est donc pas seulement une espèce d’artificier de génie, mais un artiste qui s’intéresse à des situations de tension, afin de créer des mouvements et des formes esthétiques qui exploitent les diverses capacités physiques de chaque « objet » choisi. L’événement peut être d’une remarquable simplicité comme cette Boîte aux feuilles mortes (1982) posée sous des arbres, qui se remplit de feuilles au fur et à mesure que la saison automnale avance. (Véronique Bacchetta, extrait du communiqué de presse)